Critique Andy #24 : Uncut Gems
Bonjour, bonsoir à tous et bienvenue dans une critique qui va concerner un film plutôt attendu d’un certain public, le dernier film des frères Safdie (Josh et Benny), avec un Adam Sandler qui était assuré d’avoir sa nomination aux oscars… On va parler de Uncut Gems produit par A24. Je précise que cette critique contiendra un énorme spoiler, qu’il vaut mieux découvrir par soi-même, mais on ne peut pas critiquer ou analyser le film sans en parler.
On va déjà s’attarder sur ce détail, A24 ne produit ou ne distribue jamais un mauvais film ou plutôt un film inintéressant ( bon et mauvais étant des mots aujourd’hui assez subjectifs). Moonlight, Hérédité, The Lighthouse… d’années en années leurs nombre de films augmente et en ce début 2020 on a déjà Saint Maud primé au festival de Gérardmer. Mais A24 étant un studio indépendant, rare sont les films qui sont bien distribués et Uncut Gems est sorti chez nous via Netflix, et il n’y a aucun doute que le meilleur endroit pour le voir aurait été la salle de cinéma.
Pour vite résumer le film, un bijoutier new-yorkais nommé Howard Ratner reçois un jour une magnifique pierre avec laquelle il compte bien faire fortune, mais lorsqu’il la reçoit, le basketteur Kevin Garnett (joué par Kevin Garnett lui-même) qui est alors dans sa boutique veut la lui emprunter pour une journée.
Déjà première chose, Howard Ratner est un salaud, on peut difficilement le qualifier autrement, c’est un arnaqueur, un pur beauf, il ne pense qu’à l’argent, passe son temps à mettre en gage les objets des autres, pour s’enrichir, il accumule les dettes qu’il compte soi-disant rembourser. Et c’est pour cela que beaucoup n’aimeront pas le film, pendant près de 2h on passe notre temps à suivre cet homme méprisable, et cette approche radicale va en énerver plus d’un, mais beaucoup seront aussi fascinés par le jeu de Adam Sandler. Adam Sandler pour beaucoup ,est un acteur de comédie, un mec qui n’en a pas grand-chose à foutre et tout le temps en short, et preuve que non car selon moi la performance de Adam Sandler était la seule digne de concurrencer celle de Joaquin Phoenix (avec à la limite Eddie Murphy pour Dolemite is my name, mais que ce soit Adam Sandler ou Eddie Murphy, aucun des deux n’a eu de nomination, ce qui est on peut le dire juste honteux…). Il use d’énormément de mimiques pour rendre son personnage de bijoutier véreux crédible, son rôle est passionnant et sa performance est parfaite.
Le personnage étant abordé, maintenant on va parler de quelques aspects techniques, évidemment l’une des choses qu’on remarque le plus dans Uncut Gems, c’est le travail sur la musique, de Daniel Lopatin, elle est tout simplement unique, et crée entièrement l’identité très « superficielle » du film. Mais à cela on ajoute la photographie légendaire de Darius Khondji, qui a notamment travailler avec Gaspar Noé, ou avec Fincher sur Seven, ses lumières et ses couleurs sont tout simplement sublimes et participent à cette ambiance très « joyaux » avec enfin la réalisation des frères Safdie très sèche et très saccadé par moment.
Enfin, parlons des évènements, comme d’habitude chez A24 on est sur un film radical, très sensoriel, et ici, à la manière de « Mother ! » de Darren Arronowfsky, les émotions suscitées par le film vont surtout avoir pour but d’énerver et de mettre sous tension constante le spectateur, au point qu’on finisse par souhaiter que ce personnage amoral gagne et il réussit… et arrive même à se faire respecter de l’homme à qui il doit de l’argent, principal antagoniste du film.
Le retournement d’après a été pour moi l’un des plus gros chocs devant un film, c’est un vrai ascenseur émotionnel, les Safdie donnent la victoire tant attendue à Howard pour au final la reprendre avec une simple balle dans la tête en à peine une seconde, cette fin violente donne vraiment une impression de gâchis, mais reste magistralement mise en scène par les Safdie, se concluant sur un trip ou l’on rentre encore dans le corps de Howard, nous montrant la beauté dans le cruel, tandis que le film débutait sur la beauté de la gemme pour finir dans son colon.
On peut interpréter ce film comme la démonstration d’un véritable chaos loin de la perfection (la Uncut Gems étant la gemme qui n’est pas taillé, donc pas parfaite, mais dans son état naturel), le film grouille de discussion dans tout les sens, les personnages sont multiples et surtout sont incontrôlables ce qui mènera à ce meurtre de fin presque ridicule et frustrant.