Critique #28 : Vaïana : la Légende du Bout du Monde, le chef-d’œuvre passé inaperçu de Disney

Bonjour, bonsoir à tous, aujourd'hui on va parler animation, demi-dieu, crabe brillant et voyage sur l'océan. Aujourd'hui, on va parler de Vaïana : La Légende du Bout du Monde de Ron Clements et John Musker.

Après de long mois d'inactivité, c'est l'heure de revenir sur les critiques en cette période où l'industrie cinématographique est un peu troublée. Et bien que ces derniers soient assez critiqués, aujourd'hui on va parler de Disney et d'un de leurs classiques d'animations qui je trouve est passé bien inaperçu coincé entre la Reine des Neiges et Zootopie , deux monstres qui ont tous les deux dépassé le milliard au box-office : on va parler de Vaïana.

Avant d'aborder le film en lui-même, j'aimerais évoquer les réalisateurs de ce dernier qui sont Musker et Clements. En effet, les réalisateurs de films en live-action sont souvent mis en avant. Tout le monde pourrait citer Tarantino, Kubrick ou Fincher, cependant pour les films d'animations il y a une plus grosse tendance à mettre en avant les studios, tels que Pixar, Dreamworks, Sony ou encore Walt Disney Pictures pour Vaïana. Mais il est temps de rendre justice à ces bonhommes qui ont sûrement accompagné votre enfance puisqu'ils sont à l'origine du Second Age d'Or de Disney avec des films comme La Petite Sirène, Aladdin, Hercule et plus récemment La Princesse et la Grenouille (un des derniers films d'animations 2D de Disney). J'espère donc que vous retiendrez ces noms, et maintenant dirigeons nous vers le film !

Donc, Vaïana nous raconte l'histoire de Vaïana (logique) ou Moana en V.O , une jeune fille qui est la fille du chef de l'île de Motonui. Cette dernière qui rêve de naviguer et explorer les océans se voit confier une mission par l'Océan lui-même : trouver Maui le demi-dieu du vent et de la mer et le forcer à rendre à la Déesse Te Fiti son cœur. Cependant la route de Vaïana va être semée d'obstacles notamment la Déesse des profondeurs Te Ka, la géante de Lave.

On va commencer par un point évident mais qu'il est important de noter : ce film est magnifique. L'animation est digne des plus grands films d'animations tout studios confondus et c'est quelque chose que l'on voit tout le long du métrage. Quelque chose qui me passionne souvent dans les films d'animations c'est la façon dont est animé l'eau, c'est quelque chose qui m’avait déjà beaucoup marqué quand j'avais vu Dragons 3 à sa sortie (que j'ai vu avant Vaïana mais qui est sorti 3 ans plus tard) car l'eau est sûrement l'un des éléments les plus durs à faire vivre en animation. Or dans ce film l'Océan n'est pas qu'une masse d'eau sur laquelle nos personnages se contentent de voyager, l'Océan est également un personnage à part entière et c'est quelque chose que l'on doit ressentir en tant que spectateur. Et c'est effectivement très réussi tout au long du film, mais le meilleur exemple de cette réussite au niveau de l'animation de l'Océan est dans la scène au début du film où la petite Vaïana enfant s'approche par elle-même de l'Océan, cette scène est très belle autant au niveau de l'animation que pour son coté émotionnelle.

Évidemment, je ne vais pas passer l'entièreté de cette critique à parler de l'animation de l'Océan, il est également important de préciser que le reste de l'animation est très bien réussie, je pense notamment aux scènes d'actions avec Maui ou encore la fameuse scène de Tamatoha , le crustacé brillant de mille feux où les jeux de lumières sont superbement bien gérés dans les deux parties de la chanson du crabe géant.

D'ailleurs que valent les chansons ? En effet, il est assez rare de regarder un classique d'animation Disney sans y trouver son lot de chansons bien que ce ne soit pas du goût de tous. En effet, je me rappelle que cela m'avait moi-même dérangé lors du visionnage de la Reine des Neiges premier du nom. Cependant, cela n'a pas été le cas pour Vaïna, en effet non seulement j'ai beaucoup aimé les chansons que nous propose le film (notamment Bling-Bling sur laquelle on reviendra et Pour les Hommes) mais en plus le coté chanson est atténué par la présence de nombreuses chansons en langues polynésiennes et donc non chantés par les personnages ce qui donne moins un côté comédie musical au film que certains de ses prédécesseurs. Mettre ces chansons en langue polynésienne a donc un double intérêt à mon goût, celui que je viens de citer précédemment mais également celui de mettre en avant la culture polynésienne qui n'est pas très connue (démarche se rapprochant ce celle de faire connaître le vaudou et ses origines tahitiennes dans le dernier film des réalisateurs La Princesse et la Grenouille).

Tant que nous sommes sur les chansons, j'aimerais évoquer la V.F ; en effet le doublage est la seule occasion où l'acteur fait le même travail en V.F qu'en V.O. Je n'ai vu le film qu'en V.F et je ne parlerais donc que de celle-là. Et comme d'habitude pour Disney, de ce côté-là le travail est parfaitement effectué. Le doublage a été confié à la société Dubbing Brothers, une compagnie de doublage qui s'est occupée de nombreux films et de nombreuses séries depuis leur création en 1989. Ainsi le rôle principal a été donné à Cerise Calixte, une jeune chanteuse inconnue qui en plus de très bien appréhender le rôle de Vaïana peut s'y identifier puisqu'elle a grandi dans la culture polynésienne. On a également Anthony Kavanagh dans le rôle du demi-dieu Maui et à l'image de la V.O on pourrait croire à un star talent mais Kavanagh a une bonne expérience dans le doublage et il se laisse assez oublier contrairement à certaines stars cherchant à imposant leurs styles quand ils doublent (exemple de Jamel Debbouze). La complicité entre les personnages de Vaïana et Maui est très visible à l'écran et cela notamment grâce à l'interprétation des deux acteurs.

On a également la voix MA GNI FI QUE d'Adrien Antoine sur le crustacé le plus brillant des eaux : Tamatoha. Son expérience dans le doublage est déjà impressionnante et sa prestation est très bonne. Sa chanson Bling Bling est vraiment à mon goût une des meilleures chansons quasiment uniquement pour la voix du doubleur officiel de Chris Hemsworth.

Enfin, j'aimerais passer sur le point de l'histoire et du scénario. En effet, en y réfléchissant, l'histoire est assez simple et cela s'explique par la ligne éditoriale de Disney qui cherche à ne pas trop compliquer ses histoires tout en y laissant plusieurs degrés de lectures pour que le film plaise aux « petits comme aux grands » et je dis ça en sachant que cette expression est nulle.

Je trouve que dans ce film on ne s'intéresse pas tant que ça à l'histoire ; qui est de ramener le cœur à Te Fiti pour restaurer la nature (il y a fond écologique dans l'histoire mais assez peu présent à mon goût) mais bien à l'évolution de ces personnages principaux qui est la source de l'histoire.

En effet, la trame principale (ramener le cœur ) est causé par une erreur de Maui en premier lieu, de plus contrairement à beaucoup de films de Disney ou de films en général, nos héros n'ont pas d'antagonistes très précis. On a plus le droit à une succession d'obstacles sur la route de Vaïana et Maui. Le film nous présente plus la quête initiatique de deux personnages qui ont besoin d'apprendre à avoir confiance en eux sans artifice.

Un reproche que l'on pourrait faire au film c'est que les personnages ont littéralement l'Océan de leur côté mais celui-ci n'intervient que très peu par rapport à ce qu'il pourrait faire et même Maui le lui reproche. Pour moi, ce n'est pas un problème d'écriture mais un choix intentionnel. Ce que je vais dire maintenant n'est que pure interprétation mais pour moi l'Océan a pour but de faire en sorte que Vaïana et Maui arrivent à comprendre qu'ils peuvent se débrouiller par eux-mêmes et c'est la raison pour laquelle il ne les aide pas tant que ça.

On apprend tout au long du film que Maui se cache derrière une première façade pleine d'assurance montrant un homme sûr de lui alors qu'il a en fait été abandonné et vit dans une solitude profonde et permanente (notamment sur son ile où Vaïana le trouve). Il a besoin à tout prix selon lui d'avoir son hameçon magique pour être utile, hameçon qui lui a été offert par les dieux, encore une marque d'affection qui comble son sentiment d'abandon.

Et pour Vaïana, même si ce n'est pas aussi poussé on a également ce problème de confiance en soi. Partagée entre ses envies et son héritage, elle ne sait que choisir et quand elle prend enfin la mer au-delà du récif on pourrait croire qu'elle a pris sa décision et qu'elle a confiance en elle et en ses choix mais je ne le pense pas. La phrase qu'elle répète tout au long du film pour convaincre Maui de l'accompagner n'est pas seulement un ressort comique à mon goût. C'est la dernière chose que lui a dit sa grand-mère avant de mourir et ce qui permet à Vaïana de garder confiance en elle, cette phrase est une façon de garder auprès d'elle sa grand-mère, la seule qui la soutenais dans ses rêves mais également de se convaincre qu'elle peut accomplir sa quête. Cependant, comme l'hameçon de Maui cette phrase n'est qu'un artifice, et elle pert sa confiance le troisième tiers du film avant de la retrouver après une apparition de sa grand-mère, prouvant qu'elle peut concilier ses rêves et son héritage.

Évidemment, rien de tout cela n'est vraiment dit dans le film, mais c'est vraiment un message qui je pense est implicite.
Ce film est un très bon long métrage d'animation ( c'est également sûrement un de mes Disney préférés), que ce soit par la qualité de son animation, de ses décors et évidemment de ses personnages et même Zootopie qui est un très bon film mais je trouve ça dommage que ce dernier ait mis dans l’ombre. Disney, vous avez mal géré votre emploi du temps sur ce coup !!

Bref, regardez Vaïana : La Légende du Bout du Monde, je vous promets un moment très agréable si ce n'est un moment fort en émotions !