Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Yvenou Critiquer - ( aka Yvenou sur Youtube )
8 février 2020

Critique Andy #23 : The Irishman, Scorsese et sa peur de disparaître.

78586188_436062160415684_2482659923662471168_n

Bonjour et bienvenue dans cette critique qui va parler de l'un des films dont Netflix sont le plus fier depuis Roma en 2018, aujourd’hui on parle de The Irishman réalisé par Martin Scorsese et écrit par Steven Zillian.

Cette critique sera assez courte car je ne vois pas spécialement de chose à dire sur la réalisation de Scorsese, ça fait déjà bien longtemps qu’il est passé maître dans l’art même si chaque film est évidemment un défi pour lui, surtout The Irishman qui est un projet de longue date, mais ce sera donc plutôt une analyse de ce que Scorsese cherche à nous dire, car selon moi le gros film de gangster de 3H30 de Netflix a un énorme message, et plutôt dépressif mais j’y reviendrais dans l’analyse.

The Irishman raconte l’histoire de Frank Sheeran, une personne au passé assez flou, puisqu’il a entretenu des liens avec la mafia italo-américaine et avec Jimmy Hoffa, président du syndicat des camionneurs à cette époque, c’est dans sa maison de retraite que le personnage joué par Robert de Niro nous contera son Histoire.

En sortant The Irishman, Netflix devait faire face à énormément d’attente, une attente qui n’a cessé de gonfler depuis 2 ans, quand le casting avait été annoncé, avec la première collaboration entre Al Pacino et Scorsese. La peur commençait à surgir quand on savait que le film allait jouer sur le rajeunissement numérique qui en quelque années s’est énormément développer et marche de mieux en mieux, mais avec toujours un petit coté très lisse qui fait jeux vidéo, de plus Scorsese ne voulait pas tourner avec la technologie habituelle, mais avec des capteurs numériques invisibles sur les visages des acteurs pour faciliter leurs interactions sur le tournage.

Pour ma part le simple fait que Scorsese revienne à un film de gangster pur et dur avec de Niro, Pesci, Pacino et Keitel me séduisait totalement. The Irishman, c’est simplement l’aboutissement du coté gangster de Scorsese, si on aime Casino, Mean Streets, Taxi Driver, Les Affranchis on ne peut pas rejeter The Irishman, l’un des rares défaut que je trouverai au film d’ailleurs serait la photographie très belle mais qui ne s’envole jamais, comme dans Mean Streets où les scènes du bar sont plongées dans des fortes lumières rouges, mais peut être que cette photographie va de pair avec son propos.

Et son propos quel est-il ? Selon moi, on a affaire au plus dépressif des films du réalisateur, et l’un de ses plus personnel puisqu’il aborde la notion de vieillesse et de la mort mais pas seulement une mort physique, mais bien symbolique, en effet à un moment, le personnage de Frank Sheeran nous dit «  Dans les années 50 et 60 tout le monde connaissait Jimmy Hoffa » on pourrait dire la même chose de De Niro, Pacino et Pesci pour les années 80, c’est d’ailleurs assez drôle que le film sorte sur Netflix ou il y a en majorité un public jeune et Scorsese essaye tant bien que mal de s’y creuser une place et de montrer ses acteurs qui ont marqué le cinéma fut un temps mais qui aujourd’hui sont vieux, certaines des dernières scènes du film sont juste atroces lorsque que l’on a grandit avec ces acteurs, notamment en voyant Joe Pesci essayer de manger un bout de pain en prison, certes un vieillissement mérité pour un hors-la-loi, mais beaucoup moins pour Pesci, gros dur des années 80 mais fidèle ami de Scorsese. Sa manière de filmer le vieillissement des personnages est étroitement lié au fait de filmer ses amis qui sur le plateau ne sont simplement plus que des reliques qui peuvent aujourd’hui à peine se déplacer. C’est surement pour cela que Pesci a accepté de retravailler en tant qu’acteur, Scorsese lui a trouver la bonne motivation, finir en beauté. Scorsese a su utiliser l’histoire de ses personnages, la technologie et le média par lequel le film est transmis pour transmettre sa peur, celle d’être oublié, évidemment à travers la mort physique. Les écritures qui indiquent comment chaque personnage est mort, les cercueils filmés comme les belles voitures de ses personnages(avec notamment la citation « c'est la Cadillac des cercueils ») Sheeran voulant être dans une crypte, refusant l’enterrement alors qu’il ne reste personne pour aller le voir.

 

Il resterait énormément de choses à dire sur le dernier bijou de Scorsese, mais je préfère développer une dernière chose et vous laisser aller le voir par vous-même, comme tout ses films, il est rempli de dialogues profonds, de faits passionnant et de détails intriguants.

 

Cette chose que je voudrai développer c’est la scène de fin assez mystérieuse et très marquée par Scorsese, puisque Franck Sheeran, dans sa chambre , dans sa maison de retraite, demande au prêtre de laisser la porte ouverte, la caméra reste à l'extérieur de la chambre et De Niro nous regarde cette entrouverture , c'est pour moi une excellente conclusion, on pourrait tirer pleins d’interprétations sur cette porte ouverte, qui peut être liée au meurtre de Hoffa, mais selon moi cette porte montre la dimension très personnelle de Scorsese face à son film, en effet Scorsese a toujours un rapport précis avec la religion, (on peut d'ailleurs le voir des le début du film avec la vierge marie dans l'hospice), de plus Franck Sheeran est montré comme un fervent croyant, ce qui est souvent une contradiction dans ses films, des personnages croyant mais pourtant mauvais et cruels. Ici la porte ouverte pourrait selon moi être la prise de conscience de Franck qu'il arrive à la fin et que la seule entité apte à le juger, c'est Dieu et son regard…mais Dieu peut tout voir, pas besoin de simplement ouvrir une porte, non, ici la porte sert davantage à cette camera, le regard de Dieu, c'est selon moi l'œil du spectateur qui non seulement a pu voir la vie qu’a mener le gangster et Scorsese nous donne l'occasion de juger Franck Sheeran, De Niro et surtout son film, on retrouve dans cette les trois dimensions importantes, le récit (plus ou moins historique), la religion et surtout le cinéma.

82260760_173009217326635_6733095650117812224_n

Publicité
Publicité
Commentaires
Yvenou Critiquer - ( aka Yvenou sur Youtube )
Publicité
Archives
Publicité