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Yvenou Critiquer - ( aka Yvenou sur Youtube )
22 décembre 2019

Critique #26 : Roméro et zombies, un amour jusqu'à la mort (et plus ?).

Roméro 0

Bonjour, bonsoir à tous, aujourd'hui on va parler de sociétés de consommation, de jusqu'où doit aller le respect à l'autorité, de lutte de classe, aujourd'hui on va parler des 6 films de Roméro sur les zombies, morts-vivants et autres dévoreurs de chairs !

 

Attention : cette critique concerne les 6 films de Romero sur les zombies et il est conseillé de les avoir regardés pour la lire car je ne vais pas prendre de pincettes et vais beaucoup SPOILER.

 

Pour la première fois dans une de mes critiques j'aimerais non pas parler d'un film, mais bien de l’œuvre d'un réalisateur. Cependant je ne vais pas me pencher sur les 16 films réalisés par Georges A. Roméro mais bien du thème présent dans plus d'un tiers de sa filmographie : les morts-vivants.

Bien qu'il ne soit pas le premier à mettre des zombies en scène au cinéma, le premier film le faisant étant White Zombie réalisé par Victor Halperin en 1932 et traitant plus de l'origine vaudou des zombies, c'est bien son tout premier film sortit en 1968 qui va populariser le genre du film de zombie et même le zombie en tant que créature de la pop-culture : Night of the Living-Dead (la Nuit des Morts-vivants dans la langue de Molière) qui rencontrera donc un franc succès.

Il réalisera donc par la suite en 1978 Dawn Of The Dead ou Zombie pour sa version européenne qui sera également très reconnu et en 1986 sortira la conclusion de sa trilogie des Morts-vivants avec Day of the Dead (le Jour des Morts chez nous).

Cependant en 2005, Romero reviendra sur le devant de la scène du film de zombie avec Land of the Dead, un film hors de l'histoire de sa trilogie originale dans un futur post-apocalyptique et 2 ans plus tard il tentera le format du Found-Footage (où la caméra fait partie du film, elle est intégrée au récit) avec Diary of The Dead. Enfin son dernier film de zombie (et tout dernier film) sera Survival of the Dead étrangement traduit Vestige des Morts-vivants en France.

Il nous quittera en 2017 à la suite d’un cancer des poumons.

 

La filmographie de George A. Roméro est composée, à deux exceptions près, que de films d'horreur cependant ce qu'on retiendra de lui c'est bien les films que je vous ai cités précédemment. Pourquoi un tel enthousiasme des spectateurs pour les fameux cadavres ambulants de George A.Roméro, et pourquoi la plupart des films de zombies qui s’en suivent s'en sont largement inspirés au point d'en faire des suites, des remakes et de le référencer à la moindre occasion (comme dans la série IZombie par exemple). Et bien à travers une critique dira-t-on plus globale que d'habitude nous allons essayer de voir comment des films de genres comme ceux de Roméro ont pu traverser l'histoire de la fin des années 60 jusqu'à aujourd'hui, comment il a rendu les créatures plus célèbres que lui-même.

 

Avant d'entamer la critique de ces films sur le fond, j'aimerais rappeler que même si vous n'avez vu aucun film de Roméro vous connaissez SES zombies car ce sont bien ses créations. Avant 1968, les zombies sont toujours des créatures issues des pouvoirs magiques des légendes vaudous haïtiennes et africaines. Roméro a créer le zombie que j'appellerais « pandémique » que nous connaissons tous. Lent, immortel tant que son cerveau est actif, sensible au feu, sans aucune intelligence et souvenirs de leurs anciennes vies et évidemment des mangeurs de chairs à la morsure contagieuse. Ce principe-là même vient de George A. Romero. Car à la base, la Nuit des Morts-vivants se voulait être une adaptation officieuse du roman Je Suis Une Légende de Richard Matheson sorti en 1954, cependant il voulait montrer la genèse de ce genre d'épidémie et il l'a finalement remodelé les vampires du roman pour en créer des morts-vivants à sa sauce. Morts-vivants qui n’avaient d'autre noms que celui-là et prendront les noms de zombies qu'en 1978 pour son deuxième film sur les morts-vivants. Ses créatures qui inspireront dès lors des dizaines de films, de livres, de jeux vidéo et de séries ! Il est donc maintenant temps de voir pourquoi ces films ont marqué les esprits.

 

Roméro 2

Bien que depuis 1968, les films de Romero ont bien changé, que ce soit dans sa façon de montrer les zombie, sa façon d'écrire et même sa réalisation, à travers 50 ans et 6 films différents une chose ne change jamais et c'est sûrement pour cette raison que ces films fonctionnent aussi bien : les zombies sont toujours là pour pour représenter un problème déjà présent dans la société que Romero tient à montrer. Et on peut facilement les énumérer.

 

Pour la Nuit des Morts-vivants, il s'agit de montrer comment la panique d'un groupe d'humains en huis-clos peut amener à de nombreuses réactions aussi variées que le sont les gens en règle générale.

On peut le remarquer dès les premières minutes du film, montrer les morts se ranimer n'est qu'un prétexte du jeune réalisateur pour explorer toute la palette des émotions humaines, l'effroi, la colère, la tristesse mais également le courage ou la lâcheté. Le film se construit de tel manière à ce qu'on découvrait au fur et à mesure les personnages, leurs buts et leurs peurs qui mèneront pour la plupart d'entre eux à leurs fins.

Cependant ne se concentrer que ce sur point serait oublier un point qui reste important qui est la scène finale représentative d'une époque en plus d'être marquante dans l'esprit du spectateur. Je parle évidemment de la scène où le personnage que je trouve le plus attachant et que l'on suit depuis une bonne partie du film, Ben, se fait abattre car les autorités pensent qu'il s'agit d'un mort-vivant et jeter dans les flammes comme un déchets au même titre que les autres morts-vivants même plus considérés comme des humains. Déjà, je tiens à mentionner que le rôle de Ben (un des personnages principaux) est un personnage noir, or je doute qu'en faire le dernier survivant PUIS de le faire abattre par ERREUR est une référence aux traitements des afro-américains de l'époque rendant Romero encore plus subversif par le choix de cette fin, et ce n'est évidemment pas le seul commentaire social que l'on verra dans ces films.

 

Car quand on parle de Films de Romero et de critiques sociales on pense forcément à son deuxième film de zombies : Zombie ou Dawn of the Dead (sinon c'est redondant). En effet en plus d'être son film le plus connu (au-delà même du succès de la Nuit des Morts-vivants) c'est également celui connu pour avoir le message le plus évident : la critique de Romero envers la société de consommation. Que ce soit pour les humains ou même pour les zombies et comme je cherche à baser ma critique sur les zombies on va commencer par eux. La plupart du film se passe dans un énorme centre commercial autour duquel les morts ne vont cesser de s’agglutiner et même si les personnages pensent dans un premier temps que les morts savent qu'ils sont là , leur seconde réflexion est plus pertinente : les zombies seraient ramenés à leurs instincts primaires vers ce magasin où ils passaient tant de temps, ici on voit facilement la critique de Romero. De plus même les survivants qui s'arrêtent dans le magasin dans un premier temps temporairement finissent par rester, même si le personnage de Francine, la seule femme du groupe, ne semble apprécier guère ce mode de vie car pour elle il s'agit de pure consommation. C'est d'ailleurs ce mode de vie qui les conduira à leurs pertes lorsqu'un groupe de pillards envahira le magasin, Stephen (mari de Francine) voudra défendre ce qu'il considère comme sa propriété au lieu de partir en prenant le nécessaire de vivre et de munition. C'est en défendant le centre commercial des bikers et des zombies qu'il se fera lui-même zombifier. Si on en revient à ce que je disais plus tôt sur les zombies revenant au magasin il est intéressant de voir que cette obsession de la propriété et de vivre dans le cœur même de la consommation va ce qui causer la transformation en zombie de Stephen.

 

Après ce film vient le dernier de ce que l'histoire du cinéma retiendra comme la trilogie des Morts-vivants : Day of The Dead, dernière étape de cette invasion que Roméro semble situer sur un même espace-temps malgré les 17 ans séparant les deux œuvres. Ici, le sous-texte est cependant bien plus ancré dans le contexte de l'époque que ces précédents films. En effet tandis que le monde est toujours dans la Guerre Froide, Romero montre sa vision de la chose à travers un camp, celui des américains mais séparés entre deux idéologies : les scientifiques et les militaires. Tout le film repose en effet sur l'opposition qu'il y a entre ces deux camps sur le fond de cette invasion zombie faisant d'autant plus monter la tension de chacun des côtés. Romero nous montre ici que même en temps de survie où les humains devraient pouvoir s'entraider le plus possible, les divergences seront toujours plus importantes. Toujours en montrant les vices profonds en chaque humain, que ce soit la misogynie pesant sur la seule femme du groupe, la scientifique Sarah ; le malin plaisir que prennent les militaires à tuer des zombies etc... De plus Romero ne prend aucun parti entre les militaires qui imposent au fur et à mesure une dictature de par leur puissance et les scientifiques qui pensent détenir la vérité, surtout le Dr Logan. Le Dr Logan qui est d'ailleurs dans une quête de connaissance et de contrôle et qui en vient à faire les pires expériences sur les zombies tout en les nourrissant des cadavres des autres soldats donc à profaner les tombes et par la même le respect post-mortem. Comme si l'humanité qui quittait les zombies finissait finalement par quitter les hommes condamnés à disparaître au profit de cette nouvelle humanité centrée uniquement sur les besoins. Même si malgré tout avec l'exemple du zombie Boubou ou Bub en V.O on nous montre que les morts peuvent apprendre ou du moins se souvenir tandis que les humains, eux, ne semblent plus pouvoir apprendre de leur erreur ..

 

Roméro 3

Puis quasiment après 20 ans sans traiter des zombies, Roméro revient donc avec dans un style bien différent dans Land of the Dead. Le film nous situe en effet dans un futur post-apocalyptique où les zombies sont arrivés depuis quelques temps et où les humains semblent s'être habitués à ceux-ci. Cependant comme dans tous les films de Roméro et évidemment comme dans tous les films de zombie cela ne va pas durer longtemps. En effet, malgré le fait que la menace des zombies soit moindre elle reste présente et même les humains sont leurs propres menaces une fois encore. Car la ville bien qu'elle protège les humains des zombies ne les protègent pas d'eux-mêmes, c'est bien les humains encore qui se menacent. Car même après l'apocalypse les humains restent les mêmes : obnubilés par l'argent et le pouvoir, le film nous montre très bien la futilité des affaires humaines quand bien même des nouveaux zombies commencent à apprendre. On retrouvera donc les humains à nouveaux désavantagé par une absence d'évolution et après avoir stagné avec une politique uniquement protectionniste face à des zombies en constant état d'apprentissage, évoluant pour survivre et même étant capable peut-être pas de sentiments purs mais au moins de compassion. Au-delà même de ce message de Romero mettant à nouveau à mal le capitalisme à l'image de Kaufman, je comprends surtout ici comme un avertissement face au chemin que pourrais prendre l'humanité. Dans son film, les zombies au-delà d'être la menace décérébrée des premiers films sont surtout la prochaine étape de l'évolution humaine.

 

Puis à peine 2 ans plus tard vient un projet assez original, Diary of the Dead, pourquoi original me direz-vous alors que je ne peux pas répondre car c'est un texte ? Et bien parce que c'est un film en found-footage (genre que j'apprécie particulièrement et dont je reparlerais sûrement) et qui est rarement utilisé par des réalisateurs accomplis et aussi expérimenté que Georges A. Romero. Cependant ce n'est pas pour autant que cette technique n'apporte rien à quelqu'un comme lui. En effet, ce genre est l'occasion d'exploiter de nouvelles interrogations sur un de ces thèmes favoris : l'apocalypse et les zombies. Ici, c'est la caméra interne au récit qui amène la question de l'information en temps de crise, la nécessité de dire la vérité sur ce qui se passe. Tout le film est basé là-dessus (sans pour autant que les morts passent au second plan) sur cette nécessité qu'à le personnage de Jason a vouloir informer le reste du monde. Cependant passé la première impression de ce message louable, on observe rapidement une gêne : une certaine morbidité à travers cette envie de tout filmer. Peut-on tout montrer y compris les actes les plus violents et horribles en justifiant qu'il s'agit d'informer ? De plus, on voit également que certains humains profitent de la situation tel un groupe de militaires ou bien encore quelques redneck s'amusant à tirer sur des cadavres ranimés. Ce qui pourrait nous amener à nous demander également si l'humanité mérite de survivre. Mention spéciale à tous les caméo au niveaux des voix dans ce film ( Del Toro, Tarantino, King, Simon Pegg, Wes Craven et Tom Savini ).

 

Enfin, vient le dernier film de Romero : Vestiges des Morts-vivants. J'accorderais moins de temps sur ce dernier car on y ressent beaucoup moins d'idées ou bien de grands messages à donner. C'est pourtant le premier film à montrer une continuité directe avec Diary of the Dead, puisque l'on suit ici le groupe de militaires du précédent film. Ce dernier film nous montre surtout l'inutilité de certains conflits comparés à ce qui pourrait arriver de pire et l'importance que nous pouvons accorder à nos morts. Le film est également je dois l'avouer d'une moins bonne qualité peut-être parce qu’il s'agit de son dernier.

 

Voici donc mon avis pour l'œuvre de Romero concernant son travail sur les zombies au cinéma. Évidemment il est important de noter que là n'est pas l'ensemble de son œuvre et je vous conseille fortement de vous intéresser à l'ensemble de sa filmographie, et il est évident que ce ne sont que mes interprétations (de plus assez succinctes) sur ces 6 films. J'espère que cette masse de texte ne sera pas trop rédhibitoire et que ce concept de critique vous a plu. Et je vous dis, à bientôt pour une nouvelle critique !!

Roméro 1

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