Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Yvenou Critiquer - ( aka Yvenou sur Youtube )
21 février 2019

Critique #20 : Sorry to Bother You, la comédie bizarre de Boots Riley

4802657

Bonjour, bonsoir et bienvenue dans cette nouvelle critique. Aujourd'hui on va parler de télémarketing, de voix de blanc et de Super Vendeur. Aujourd'hui on va parler du premier film de Boots Riley, on va parler de Sorry To Bother You.

 

Commençons donc par le résumé du film. Cassius Green dit « Cash » a des problèmes d'argent et prends donc un emploi dans une agence de télémarketing. Il va découvrir la clé du succès dans son entreprise mais également les sombres desseins de ses dirigeants.

 

La bande-annonce et l'affiche de ce film me faisaient de l’œil depuis quelques temps, et je me disais que ça allait être une bonne satire de la société américaine restant assez légère. Cependant il n'était pas distribué dans mes cinémas habituels et cette petite distribution m'a donné encore plus l'envie de le voir ! Je voulais être surpris en entrant dans cette salle de cinéma indépendant et j'en suis sorti bouche bée. Ce film est déjà très bon sur le plan de la réalisation (et c'est important de le noter, surtout pour un premier film) mais également sur son histoire.

Le réalisateur n'hésite pas à aller le plus loin possible dans le satire et la dénonciation sans jamais en faire trop ! Évidemment, le film va loin et je ne spoilerai pas comment il le fait car la surprise est vraiment de taille et je ne pensais pas que le scénario serait bizarre à ce point.

 

Donc parlons vraiment du film au lieu d'élucubrer dessus. Et commençons par tout ce qui est technique. Pour un premier film, on sent déjà une patte et une réalisation bien présente. Que ce soit sur les transitions ou la manière de filmer certains plans on sent une patte. La photographie est très bien gérée notamment grâce aux décors qui sont très bien faits que ce soit les décors extérieurs ou en intérieurs. Et dans ce film, il est très important de regarder les fonds car on voit souvent des détails qui sont drôles et ou qui font preuve de foreshadowing (fusil de Tchekov) intéressant.

De plus, on sent qui y est dépeint, bien que semblable au notre, reste à part et bien complexe comme il faut (je ne le détaillerais pas beaucoup plus ici car je ne veux vraiment pas vous spoiler ). Il est bon de noter également quelques aspects du montage qui sont très originaux et rafraîchissant. Par exemple, on voit souvent des moments dans les films où les personnages passent de riches à pauvres et cette transition personnelle est souvent montrée de la même manière cependant dans ce film, c'est montré de manière original comme si les anciens mobiliers étaient des cartons de déménagements qui ouvraient sur le nouveau mobilier.

Il y a également un passage dans le film où de l'animation apparaît soudainement pour expliquer quelque chose aux employés et donc au public également qui nous montre un peu un patron qui essaye d'infantiliser quelque chose de grave aux conséquences immondes.

Et avant d'entamer un peu mon interprétation (une petite interprétation car je ne veux pas spoiler je le rappelle) je parlerais des acteurs. Je trouve que tous les acteurs jouent bien, y compris au niveau du voice-acting qui est très présent dans le film pour les « white-voice » de certains des personnages noirs (d’ailleurs je me demande comment ce point sera traité dans la VF) et j'aime particulièrement l'acteur de Cassius : Lakey Stanfield dont le personnage a une évolution très marqué pendant tout le film et son acting suit cela tout du long et aussi Tessa Thompson qui est formidable dans son rôle de femme rebelle.

Et en parlant de rébellion j'aimerais donc, comme je l'ai dit, aborder le scénario du film. Le film est clairement une comédie satirique : certes elle veut faire rire mais elle est également ici pour apporter une critique assez acerbe de la société américaine (voir même de la société occidentale de base). Tout d'abord, avec cette histoire de « white-voice » nous amène sur un sujet qui bien plus que dénoncer le racisme amène de nombreuses questions. Évidemment, il y a la question du racisme qui est amené ici mais elle est amené avec assez de justesse pour être un message qui est compris par le spectateur sans pour autant le gonfler ou le culpabiliser s'il n'est pas noir. Mais cela amène aussi une réflexion intéressante sur les façons de pensées qu'ont les occidentaux. Ils veulent avant tout qu’on leur vend quelque chose avec une voix de réussite, quelque chose qui prouvent leur supériorité et mousse leur égo. C'est quelque chose que l'on voit dans la scène de la soirée chez le big-boss de la compagnie de télémarketing où, parce que Cassius est noir tous les blancs de la soirée assument qu'il sait rapper et une fois qu'il commence enfin les blancs n'apprécient pas car ce n'est pas de la façon dont eux voient le rap, encore une fois on nous montre que si leur égo et leur pseudo connaissances ne sont pas montrés les gens ne sont pas content. Cela reste caché sous une dose d'humour cependant le message est bien là.

Et au-delà du racisme on trouve également une critique montrant que le système américain est à la limite de l'esclavagisme sur ses employés à essayer de contrôler chaque aspect de leurs vies , on le voit notamment lorsqu'une télé-réalité est faite sur des événements banals de la vie d'employés . Et en utilisant la dernière partie du film dont je ne veux pas spoiler on peut même dire que le film critique l'animalisation qu'on fait des employés en essayant d'utiliser le plus leur capacités tout en les domestiquant au possible tandis que ceux-ci ont vraiment les moyens (pardonnez-moi pour l’expression) d'enculer leurs patrons que ce soit par la grève ou au sens littéral du terme.

 

Voilà au final même si je n'ai pas spoilé la deuxième partie du film, j'en ai sorti une légère interprétation qui est d'autant plus compréhensible quand on a vu le film. Film que je conseille réellement de voir car des OFNI pareil, et d'une telle qualité, restent rares sur nos écrans et les supporter est à mon goût très important. Sur ce, je vous dis à bientôt et Sorry To Bother You ! (Black Voice)

2788301

Publicité
Publicité
Commentaires
Yvenou Critiquer - ( aka Yvenou sur Youtube )
Publicité
Archives
Publicité