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Yvenou Critiquer - ( aka Yvenou sur Youtube )
14 octobre 2018

Critique #13 : Climax, les films de genre français en France ( Triptyque FR 3 )

affiche

Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle critique et dernière du triptyque français. Aujourd’hui on va parler de sangria, de danse , de sangria, de feu , d'enfant et de sangria . Aujourd'hui, on va aborder une histoire vraie , réalisée par un réalisateur qui n'hésite pas à montrer des choses que l'on n'ose pas forcément montrer dans les films et de plus dans les films français . Aujourd’hui on entre dans les confins de l'horreur qu'est l'humain , on va parler de Climax de Gaspard Noé .

 

Donc commençons tout d'abord par un bref résumé du film, et je dis bien bref car déjà résumer le film c'est dévoiler une partie de son intrigue enfin bref : le film parle d'une troupe de danseur qui, après 3 jours d'entraînement acharné, décide d'organiser une fête pour se détendre. Cependant après quelques verres de sangria, ils se rendent compte que l'un d'entre eux a mis quelque chose dans la boisson et alors la soirée prend une toute nouvelle tournure...

 

Bon on va commencer direct. Ce film est à mon humble avis un des meilleurs films que j'ai vu au cinéma en 2018 , si ce n'est un des meilleurs films que j'ai vu cette année. J'ai tellement de choses à dire concernant ce film que j'ai peur d'oublier des choses alors on va commencer par parler un minimum du réalisateur Gaspard Noé. Petite pause : Noé est à la base italo-argentin mais il est arrivé en France à 12 ans et a étudié dans une école de cinéma française donc je le considère comme français. Alors je n'ai vu qu'un film de lui, mais en parallèle j'ai fait quelques recherches sur le fameux bonhomme. Déjà, il faut savoir que ce film n'est pas le premier film qui pourrait diviser . En effet, en 2002 à la projection d'Irréversible à Cannes , certaines personnes avaient quitté la salle en plein milieu de la projection ( ce qui me donne envie de savoir exactement quel est le propos du film ) et quand au film Love, il expose un point de vue assez particulier sur la façon de voir l'amour , le système de couple et ce que les gens peuvent appeler tromper . Bref ce réalisateur peut être très controversé par moments et je trouve cela très intéressant de parler de ceci avant d'aborder directement Climax, et d'ailleurs maintenant entrons dans le vif du sujet et commençons la critique de Climax .

 

Tout d'abord, avant de passer sur une critique de fond , nous allons entamer la forme avec tout ce qui est technique car il y a pas mal de choses à aborder.

Je pense qu'il est important de commencer par dire que malgré tout ces sujets de fond abordés, le film est avant tout un film très esthétique. On sent que la photographie est très travaillée et qu'on est vraiment dans un film. Ce que je veux dire par là , c'est qu'en général le cinéma français s'apparente plus à des pièces de théâtres filmés : aucune prise de risque , pas de travail en rapport avec les techniques de cinéma etc... Hors Noé est clairement conscient de son média et l'utilise avec brio.

On peut déjà énoncer les magnifiques plans séquences que l'on a pendant tout le film et qui donnent vraiment cette impression d'être dans le film , de ne pas être spectateur seulement mais également acteur de l'intrigue . Le premier plan séquence qui nous montre la chorégraphie des danseurs est déjà magnifique, que se soit sur le plan de la chorégraphie ou même de la façon de filmer : cette scène est sûrement une des plus belles du film. Mais avant de passer dans le détail, j'aimerai continuer sur le reste de la technique de Noé dans ce film. Je trouveaussi le montage très intéressant, les premières scènes ( lorsque la fête se passe bien ) où les personnages discutent principalement en binôme, sont très intéressantes au niveau de la mise en scène. En effet, les personnages sont quasiment tous filmés de la même façon: de face , en plan américain dans un plan fixe. Pas de champ/ contre champ , juste des plans fixes et entre chaque plan fixe des cut au noir, ce qui je trouve donne une impression d'enfermement des personnages dans leurs dialogues comme si personne ne pouvais les entendre. Cependant leurs conversations parlant des autres personnages les font également sortir de ce cadre. D'ailleurs, la première partie du film nous montre bien que le film se déroule dans un seul endroit ( l'école ) cependant,  pendant cette partie on se sent oppressé dans le décor dont on nous montre que le gymnase et dès que l'on apprend que ce décor n'est qu'une des facettes de l'école , on se sent soulagé de cet espace mais oppressé de plus belle en sachant à quel point l'horreur peut se prolonger dans les moindres recoins de cet endroit. Toujours sur le plan technique, je trouve que la photographie du film est magnifique et pour cela on doit remercier Benoît Debie , qui est le directeur de la photographie. Il a travaillé sur beaucoup de films de Gaspard Noé et le hasard fait bien les choses, il est également le directeur de la photographie dans le film de Jacques Audiart Les Frères Sisters dont je vantais la photographie lorsque j'ai parlé du film il y a quelques jours. Un point très surprenant est que sur la quinzaine de personnages que nous présente le film seulement deux sont des acteurs professionnels ce qui est donc une performance remarquable pour le reste du casting qui, je trouve , joue vraiment très bien!! Ce film, comme je viens de le dire, a un très bon niveau technique mais il y a également le fond qui donne toute sa beauté morbide au film.

 

En regardant de multiples interviews de Gaspard Noé, il s'avère que son but est de montrer à travers ce film son intrigue et ses personnages l'impossibilité de la jouissance même à ce qui semble être le meilleur stade pour. Donc le but de ce film est bien de nous montrer la déchéance de l'humanité dans les pires stade. C'est donc pour moi une mission réussie.

La construction du film est très bien construite en cela qu'elle nous coupe le film en trois parties distinctes qui permettent de comprendre la future déchéance que l'on observera au fur et à mesure du film. Tout d'abord, la première scène nous montre les candidatures des danseurs avant qu'ils n'intègrent la troupe et ceux-ci répondent à des questions ainsi nous apprenons à les connaître. Aussi la mise en scène de cette séquence est très intelligente. Nous regardons les danseurs à travers un poste de télé ( et autour de ce poste il y a pleins de cassettes donc pleins de références si vous voulez vous amuser ) , et celui-ci impose une distance entre le spectateur et les personnages ( ce que fait également la première scène ) à ce moment-ci on peut penser alors que l'on verra l'action d'un point de vue externe ou du moins sans trop être investi. Mais c'est là qu'intervient le génie de Gaspard Noé de nous emmener directement dans la scène suivante , la scène de danse durant une dizaine de minutes en plan séquence ( qui est à mon goût une des plus belles scènes de danse que j'ai vu ), cette scène qui nous plonge dans le film avec les acteurs de façon très intime. Et c'est à ce moment qu'on entre dans le deuxième acte du film celui on nous présente les personnages de façon plus intrusive et qu'on commence à les connaître à travers également leurs vices. Quand dans la première partie on nous montrait des jeunes danseurs pleins d'espoir et d'ambition , dans cette seconde partie, ce début de fête on voit les vices de tous ses personnages. Malgré que la fête reste bon enfant comme le dit l'expression , on commence à comprendre à peu près vers quels problèmes va se diriger la soirée en question. Cette sorte de mini réintroduction dure mine de rien une bonne partie du film et à ce moment je dois avouer que j'avais commencé à me demander s'il allait se passer vraiment quelque chose.

Et puis soudain , les personnages commencent à divaguer et eux comme nous se rendent comptent qu'il y a un tournant dans le film tout comme pour eux. Et c'est d'ailleurs à ce moment-là qu'il s'est passé quelque chose auquel je ne m' attendais pas : le générique. Oui, le générique du film est placé en plein milieu du film , et non ce n'est pas un générique troll à la Deadpool 2 ou un générique qui ne serait qu'une partie avant de mettre le « vrai » générique à la fin : c'est bien le vrai générique car il n'y a pas d'autre générique à la fin du film. Et ce générique, marque le début de la fin pour les protagonistes...

Pour moi, c'est à ce moment-là qu'est le Climax du film . Le moment où les personnages comme la réalisation commencent à péter un plomb. Je ne m'étendrais pas sur les détails tout d'abord pour ne pas spoiler mais également parce que sinon la critique sera beaucoup trop longue mais je vais quand même développer un peu mon idée. Cette partie du film est extrêmement dérangeante , comme prévu dans la partie précédente les conflits que l'on commençaient à entrevoir éclatent petits à petits de chaque coté de cette école. On ressent une sensation entre l'enfermement qui provoque une envie de quitter la salle de cinéma qui pourrait s'apparenter à l'envie de certains personnages de s'enfuir de cette école et des multiples sensations provoquées par la drogue cependant , toujours comme les personnages on sait qu'on ne peut pas partir pas parce que nous sommes coincés mais par simple fascination de la déchéance de cette vingtaine d'êtres humains pour lesquels on a un mélange de pitié, de compassion , de dégoût et bizarrement une envie de voir jusqu'où la folie humaine va les emmener dans l'horreur psychologique. Et je trouve que ce dernier point est sûrement ce qui m'a fait rester dans la salle de cinéma , je voulais voir cette déchirure entre l'humanité des personnages et le soudain monstre faisant son apparition à cause ( ou grâce selon le point de vue ) de la drogue.

Et quand à la façon de filmer cela je trouve que c'est également une grande partie de ce qui fait que j'ai autant apprécié le film. Plus l'action dégénère plus la caméra semble suivre le rythme , accélérant , décélérant le mouvement , devenant de plus en plus saccadé ou en faisant des plans séquences de longues minutes ( minutes qui deviennent longues devant le spectacle psychologique qui peut devenir insoutenable ) , la caméra elle-même semble ne plus pouvoir suivre le rythme des personnages.

 

J'aurai aimé en dire bien plus cependant j'aimerai vous laissez la surprise de tout les événements se déroulants dans le film. Et pour en rassurer certains il n'y a que très peu de scènes choquantes au sens de tout ce qui est sang etc...

J'ai vraiment apprécié le film, et le fait de savoir que de tels films peuvent être réalisés en France, ça me donne de l'espoir pour le cinéma de genre en France !! Après tout, un de mes films préférés est bien un film français ( j'en parlerai un jour promis ).

climax-trailer-gasper-noe-dance

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